mardi 20 février 2018

Conférence Leila Slimani & Kamel Daoud à la BNRM: L'épilogue déconstructif


Tribune

Samedi dernier, la lumière a jaillit depuis la bibliothèque nationale à Rabat, sous la bienveillance de l'institut français, pour illuminer les esprits de jeunes et moins jeunes marocains qui se sont amassés aux portes d'une salle de conférence archi-pleine. Grâce aux efforts de l'institut français s'est tenue une conférence animée par Abdellah Tourabi, accueillant deux figures littéraires très engagées vis-à-vis du monde musulman, et très appréciées dans l'hexagone.
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Ce débat, sous forme de monologue bilatéral vu que les trois personnages sur l'estrade étaient d'accord sur 100% des points abordés, était voulu par l'institut français comme était un débat "propre". Quand j'ai eu l'occasion de demander à l'organisateur la raison derrière le choix de personnes ayant toutes la même orientation idéologique, et la raison derrière l'absence d'une personne qui aurait pu les challenger, on ma sèchement répondu, sans même me regarder dans les yeux "c'est un choix". N'ayant pas totalement apprécié la manière avec laquelle s'est formulée cette réponse, je n'ai pas manqué de rappeler son impolitesse à mon interlocuteur qui ne s'attendait visiblement pas à ce qu'un marocain le remette à sa place. Après coup, il a commencé à me regarder respectueusement dans les yeux lors de notre discussion, étant tout ouïe. Passons...
Le discours de Leila Slimani et Kamel Daoud est un discours très apprécié en France, il suffit de compter leurs invitations, les louanges et autres prix littéraires attribués, pour s'en rendre compte. Ils sont de "bons maghrébins", des maghrébins "modèles", illuminés et éclairés, comme les parents de Leila qui lisent voltaire, fort heureusement, et qui sont donc éclairés selon l'un des journalistes qui l'interviewait. Mais peut-on reprocher aux français, idéologues, politiciens ou représentants culturels, de défendre leur vision laïque et judéo-chrétienne, voir athée, du monde? Incontestablement non. Chacun prêche pour sa paroisse, surtout eux, le silence étant assourdissant de ce côté de la méditerranée...

Revoyons de plus près certaines des citations les plus révélatrices de nos deux intervenants. Leila nous apprend dans son livre que le sentiment d'avoir l'impossibilité d'avoir une "intimité, de passer du temps avec celui ou celle qu'on aime, nourrissait aussi une colère chez la jeunesse maghrébine". La "jeunesse" donc, et non les couples mariés, devait pouvoir avoir son "intimité", au risque de faire chavirer la société toute entière. L'intimité dans notre jargon s'appelle "fornication" et "khalwa". Il fallait que l'on cherche aussi à instaurer une "égalité parfaite" entre hommes et femmes, au risque de passer pour une société archaïque. Autrement, la femme resterait prisonnière d'un système patriarcal, sans droit "d'avoir du désir". Nous sommes curieux de savoir quel article de loi, ou quelle pratique sociale institue ce "non-droit". Par contre, il n'est pas inopportun pour elle de considérer que le "droit" de mettre le voile pour une femme est une "aliénation", toujours selon ses propos. Le voile qui est une obligation pour chaque musulmane majeure devient, même quand il est choisit librement, une aliénation. En somme, une société éclairée est une société dans laquelle les femmes sont dévoilées (rappelons nous les campagnes françaises de dévoilement en masse de femmes algériennes), une société où elles ont une "intimité", une nouvelle manière de qualifier l'adultère et la fornication.

Par son discours anti-conformiste, à ses yeux, Leila Slimani pense pouvoir abattre certains interdits de l'Islam qui ne sont au fait qu'un chemin pour aller plus loin pour atteindre le joyau central de l'Islam, sa perle, en d'autres termes, la foi des musulmans. Cette foi n'est-elle pas protégée par les interdits. Sans ces interdits, comme l'énonce le hadith du prophète, on tomberait dans les zones dont nous ne devons pas approcher, ces zones que notre créateur a délimité par des textes aussi clairs que de l'eau de roche. C'est à ce titre que Leila "réfute absolument l'idée que l'identité, la religion, ou quelque héritage historique que ce soit dépossède l'individu de droits qui sont universels et inaliénables". Arrêtons-nous un peu sur ces termes fourre-tout. De quels droits s'agit-il ici? Ceux qui sont contre-nature, à savoir les droits homosexuels, ou bien ceux de pouvoir coucher avec la femme du voisin dans un acte où les deux adultes sont consentants? Le qualificatif d'universel est un qualificatif subjectif, ambivalent et polymorphe, que les démagogues placent dans les discussions quand ils sont contraints à faire appel à des arguments d'autorité. Cette phrase signifie tout simplement que la déclaration universelle des droits de l'homme serait plus importante et aurait plus d'autorité que le Coran, Dieu nous préserve de ces égarements.

N'est-il pas surprenant qu'une fois les arguments d'autorité épuisés, on passe à l'attaque personnelle et à la disqualification de l'autre ? Si, ça l'est, bien évidemment, surtout pour quelqu'un qui est supposé avoir plus d'un tour dans son sac. Pourtant Leila n'hésite pas à tomber dans l'attaque des personnes quand elle est à court d'arguments, et qu'elle dit par exemple en parlant des musulmans conservateurs que "ce sont des gens qui haïssent les livres" ou encore qu'elle doit "répondre à des discours très simplistes qui sont les discours de mes détracteurs", entendre par là que ses détracteurs sont presque des analphabètes en manque d'idées, et à la vision obscurantiste. Questions de modestie mises à part, elle, par contre, peut se targuer d'avoir un discours élaboré, qui répond à la complexité du monde. Comment prétendre le contraire alors que les plateaux télés en France l'adoubent? 

Maintenant qu'elle a essayé tant bien que mal de placer quelques arguments démagogiques, et tenté de disqualifier l'autre pour planter son clou, la question qui se pose est quel projet de société propose-t-elle comme alternative, aux pauvres pays musulmans plongés dans les problèmes liés à l'Islam? La laïcité pardi! Aurait-on attendu une autre proposition de la part d'une personne promue dans un pays qui veux exporter son modèle de laïcité qui n'est pourtant appliqué dans aucun autre pays au monde ? Mais il y a pire. Pour notre femme de culture, la laïcité signifie que la religion "ne rentre pas dans la sphère publique". Madame est donc plus laïque que la loi de 1905 et veut carrément éliminer toute manifestation publique de la religion. Rangez donc vos foulards, vos croix et vos kippas, cela dérange madame, même si ce n'est pas stipulé dans la loi, qui insiste sur la nécessité de séparer l'église et l'état, et pas de séparer la religion de la sphère publique. Leila Slimani veut tout simplement voiler le voile. Elle veut ajouter une couche d'aliénation à l'aliénation. Qui l'eût cru ? Mais le plus important reste tout de même sa franchise, quand il s'agit d'être franc, mais cette franchise, on n'y aura pas droit au Maroc. Il faut aller fouiller dans ses discussions sur les plateaux télés pour l'avoir, en conclusion d'un débat, quand elle nous dit, si certains doutaient encore de son rapport à l'Islam et à nos valeurs: "J'accepte d'être un traître, je tends la main à ceux qui veulent être des traîtres, soyons nombreux à être traîtres".

Kamel Daoud, pour sa part, est dans une ligne éditoriale et idéologique en conformité sur tous les plans avec les propos de Leila. Ils se soutiennent magnifiquement. Bien qu'ils se plaignent que certains essaient de leur confisquer le droit à s'exprimer sur l'Islam, comme si seuls "certains ont le droit de représenter l'Islam". Cette indignation est compréhensible. Mais pas dans leur cas. Quand Leila pense bien faire pour plaire à la galerie francophone, et qu'elle avance avoir "remis en cause un passage du coran dans lequel une araignée tisse une toile autour de la grotte du prophète pour la protéger"... oui, et ? On a beau douter, chercher, rechercher, il n'y a au final aucun passage dans le Coran qui parle de cela. Pis encore, même dans les hadiths authentiques de la sunna, il n'y a pas grand chose. Il faut aller voir du coté des récits faibles, mensongers et apocryphes pour retrouver cette histoire. Quand une personne dite "éclairée" s'amuse à inventer des choses sur le Coran, on en a presque envie de compatir pour elle et comprendre d'où viennent ses perceptions biaisées de l'Islam. Alors qu'on vienne après se plaindre que certains n'aiment pas qu'on parle de l'Islam, il semblerait que ce soit le minimum, car la diffamation est au coin de la rue, et un minimum de crédibilité est requis avant d'aborder un domaine aussi complexe.

Kamel pense donc qu'il peut parler au nom de l'Islam. Il pense en même temps que "tous les livres sont des antidotes aux livres sacrés". Doit-on comprendre par là que les livres sacrés sont des maladies qui ont besoin d'un antidote pour les combattre et les réduire à néant? Mais pour quelqu'un qui pense clairement que le voile n'est pas un choix, c'est "une soumission", il n'y a rien d'étonnant. Les livres sacrés sont effectivement un mal chronique pour quelqu'un qui cherche à être "le centre du monde" comme il l'a dit si clairement. A la tête des livres sacrés, le Coran nous aide à combattre notre ego, cet ego qui est à l'origine des vrais maux, des guerres, des bains de sang et des inimités sans fin. Ils sont effectivement un problème pour quelqu'un qui pense que le "bonheur passe par le corps" alors qu'il y a plusieurs millénaires déjà, les vrais spécialistes du bonheur, de Socrate à Aristote en passant par les stoïciens, avaient compris que l'être heureux est l'être spirituel, et que suivre les besoins du corps et les plaisirs imminents ne conduit qu'à la ruine de l'âme.


En somme nos deux protagonistes n'ont pas un problème avec l'Islam, mais plusieurs. Le fait est qu'ils ne l'énoncent pas clairement, par peur d'être excommuniés, exclus de la sphère des musulmans, ce qui les décrédibiliserait et réduirait peut être leur chiffre d'affaire d'écrivains... Il faut quand même garder un pont avec ce monde, même si c'est un cheveu. On se permet alors de remettre en cause tous les interdits, de les transgresser, et de promouvoir une société sans interdits moraux afin de faire un maximum de brèches dans cette muraille qui protège le joyau que partagent les musulmans: leur foi. Ces brèches ont pour objectif d'atteindre le joyau et d'en faire tous les usages souhaités, afin de le salir, voire de le briser. Ce joyau brisé, plus rien ne différenciera le musulman en pratique du non musulman. Il deviendra aussi un être mû par ses besoins primaires, recherchant ce prétendu bonheur qui "passe par le corps", suivant ses instincts et assouvissant tout désir qui lui traverse l'esprit dès lors qu'il en a les moyens. Le vrai sens de la vie, le sens ultime, le sens spirituel, le sens que nous a voulu notre créateur est alors déjà enterré dans ce modèle social transgenre et bâtard imaginé par Slimani et Daoud. Pour quel aboutissement ? Rien n'est bien loin. Dans les pays nordiques, il y a de moins en moins de tabous et de limites morales ; la femme est l'égale de l'homme légalement et il est devenu commun d'avoir des émissions télé où l'on fait des concours de nudité avec le choix du partenaire basé sur l'impression sur son physique complètement nu. Dans ces pays, il y a de plus en plus d'homosexualité, de transsexualité et d'autres dérives contre-natures, qui ont attiré les pires catastrophes sanitaires déjà connues (sida, herpes...) sans parler des atrocités historiques que l'on connaît comme ce qui toucha le peuple de Lout le prophète. 


Nous avons en somme eu cette main lépreuse dans un gant de velours, dont l'aspect extérieur est si charmant mais dont les conséquences sociales sont désastreuses, avec un modèle totalement débridé, surtout du propre aveu indirect de Leila elle-même. Elle confirme cela, à contre-cœur, lorsqu'elle rapporte une anecdote de son fils, totalement "brainwashé" au féminisme, à l'égalitarisme sans discernement et à la laïcité sans concessions. Ce fils, elle n'a eu cesse de préserver de tout ce qui distingue à tort, selon elle, le garçon de la fille, comme les poupées, les couleurs ou les spécificités des jouets entre un sexe et l'autre. Mais elle a finit par concéder que le résultat de cette éducation anormale commence à transparaître quand son "fils, pour Noêl, a demandé à sa grand mère un sac pour femmes Gucci et des chaussures talon aiguille comme cadeau", laissant la grand mère choquée, et la mère avec, bien quelle essaie de camoufler ce camouflet éducatif ayant produit un petit quelque chose transgenre... après le refus d'achat de la grand-mère, le petit lui lance "tu es une raciste des femmes"! C'est le modèle idéal que l'institut semble vouloir pour nous, mais pour cela, il faut d'abord détruire le joyau...


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