mercredi 7 mars 2012

Le Maroc manque de devise...que faire à part emprunter?

En réponse à la question que m'a posé un des ministres PJD en exercice:
Quand on manque de devises, que faire? 

يمحق الله الربا ويربي الصدقات    سورة البقرة آية رقم 276

Je vais commencer par LA solution la plus adéquate pour le court terme, pour ensuite parler des autres hypothèses possibles:
Il faudrait penser d'urgence, pour éviter le problème majeur du Crédit, à savoir l'aspect illicite de la chose qui nous revient à la face comme un boomerang, à faire des titrisations sous forme de Sukuk islamiques

Imaginez, même les Landers Allemands font appel à ces produits, qui sont très facile à monter. De nombreux pays y compris parmi les plus grands se convertissent aux sukuks car la répartition du profit est plus juste, et fonction du profit ou la perte, adossée à une valeur tangible.
Les sukuks peuvent concerner le financement d'entreprises publiques, comme l'OCP, et l'ONE, très exposées aux échanges à l'étranger. Mais vous pouvez penser aux ports et aéroports également, et bien d'autres. C'est un bien moindre mal que l'emprunt à intérêt.
Vous pouvez faire également des augmentations de Capital pour ces mêmes entreprises, en devise, à travers des créanciers du Golf ou de Hedge Funds islamiques prêts à investir dans notre pays. Ils seront très intéressés à l'idée de prendre des participation dans ces entreprises.

1. Solutions structurelles nécessaires:
(Car notre environnement nécessite des sacrifices, et non des solutions palliatives comme on sait très bien le faire depuis 50 ans, pour refiler la boîte de Pandor au gouvernement suivant)
Rationaliser les dépenses des ministères et les méthodes d'attribution des appels d'offres publics. Comme je l'ai évoqué lors de notre précédente correspondance, les Audits menés par Copé à partir de 2006 ont permis la modernisation des ministères et la réalisation de milliards d'économies. Des réformes similaires sur les appels d'offres aboutiraient à des résultats très souhaités, notamment pour étayer vos initiatives sur la bonne gouvernance. Vous rencontrerez une opposition très farouche, très probablement de la part de ceux qui profitent le plus des circuits souterrains.
- Produire localement les produits importés dont on maîtrise la technologie. C'est une piste qui est incontournable à terme et qui permettra de baisser la pression sur la devise
- Diminution de la pression fiscale sur les petites entreprises qui ne font pas appel aux importations (un mécanisme indirect à creuser). Cela encourage l'économie nationale, l'emploi, et permet de baisser les sorties en devises.

2. Solutions ciblées intéressantes:
Bien sur, il y a les solutions classiques à l'international, qui peuvent avoir un impact à court terme comme:
- Une diminution des importations, autant que faire ce peut sans heurter les accords internationaux et législations en vigueur, sauf en cas de nécessité, en ciblant les plus gros posts de dépenses (défense, énergie, en pensant à une réorientation du secteur vers le vert et les énergies renouvelables)
- Diminution de la sortie de devises en signant des contrats bilatéraux à prix préférentiels, notamment avec l'Algérie sur le Pétrole et le gaz (le réchauffement de nos relation doit se concrétiser), ou bien avec d'autres pays (Qatar?).
- Une limitation au niveau de l'importation des biens de luxe, toujours en accord avec les législations, soit tous les biens considérés comme secondaires (Alcool, tabac, jeux de hasard, biens supérieurs...) et provenant de pays ou l'on n'a pas d'accord de libre échange qui nous met sous pression. Il ne faut pas oublier de veiller à appliquer la loi, à savoir l'interdiction de vente d'alcool aux marocains
- Dévaluation de la monnaie pour encourager les exportations (même si à court terme, ce sera l'effet inverse qui sera ressenti, c'est la facture des importations qui va exploser avant que les exportations ne commencent à suivre, puis, peut-être, rééquilibrer)

Il y a par ailleurs les pistes à creuser au niveau national qui je pense seraient tout aussi efficaces:
- Accélérer l'entrée d'acteurs financiers islamiques (plusieurs, car donner une seule licence reviendrait à une situation de monopole illicite), banques et assurances, pour avoir un afflux de devise, comme ce fut le cas quand le Maroc a accordé une deuxième licence GSM
- Inciter les marocains à consommer local, ouvertement ou indirectement pour ne pas s'exposer à des sanctions internationales...et je laisse le soin à vos cabinets de creuser cette piste
- Privatisation des entreprises publiques dont l'intérêt stratégique a diminué et qui ont des rendements négatifs, tout en gardant un oeil sur leur activité à travers l'imposition de cahiers des charges strictes
- Développer les échanges intra-nationaux, car de nombreuses entreprises font appel aux importations car elles ignorent qu'à l'autre bout du Maroc, leur produit existe.
- Encourager les exportation, notamment en récompensant les sociétés exportatrices ou par tout mécanisme qui s'avérera concluant
- Pour les contrats à venir, imposer, autant que possible, d'effectuer les paiements de dividendes en Dirham (ce qui pousse de manière colatérale à réinvestir davantage les profits au Maroc, au lieu de faire de l'évasion de devise, et ce qui donnera un coup de pouce majeur à l'investissement local et au tourisme...)
On peut aussi penser à exiger de certaines multinationales de payer en devise leurs salariés qui sont sur les plateformes off shore, pour les contrats à venir, et ensuite les salariés devront convertir auprès de la banque centrale (même si je suis sceptique quant à l'applicabilité de cette option).
Ce problème de devises s'est produit à l'île Maurice et dans d'autres pays, comme l'Iran, il serait nécessaire de voir leur réactions à l'international
Notre saison agricole a subi des dégâts, et les données macro relatives à se secteur seront probablement en dessous des prévisions, il faudra réagir avant d'être devant le fait accompli.

Enfin, mais pas des moindres, réfléchir à ne pas se lancer dans les chantiers titanesques impliquant de l'endettement... ce sont aussi les juristes du PJD qui doivent voir quelles latitudes laissent les contrats signés par nos prédécesseurs, qui eux aussi nous ont laissé sous des dette énormes...et qui paiera ? nos enfants bien sur...je trouve que c'est injuste. Inspirons-nous du concept de "dette odieuse" de Rafael Correa.
Surtout, gardez le FMI et la banque mondiale loin de nos soucis, comme l'a fait, et réussi l'Argentine après sa crise. Les pistes existent, ne tombons pas dans la solution de facilité qui est le prêt car ce ne sera que partie remise, et la baraka ne sera pas au rendez-vous.



Bon courage
Très sincèrement


5 commentaires:

  1. Salam Alikoum,

    Très intéressant
    je me permet de partager cet article sur ma page fb

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  2. Je suis sur ce site et je me permets de dire après avoir lu l'article que ton analyse est tout sauf réaliste et rationnelle elle est plutôt radicale et impossible à appliquer

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  3. جزاكم الله خيرا❤️

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