mercredi 5 octobre 2016

Réponse à Driss Jaydane: Pourquoi Abdelilah Benkirane ne doit pas partir

   D'abord parce que la politique est avant tout une affaire de sincérité et de responsabilité, plus que de noblesse, si cette dernière est teintée d'affairisme et de double discours. A ce titre, Abdelilah Benkirane fit preuve d'une mesure clairvoyante dans son traitement de la période post-2011 et de ses secousses. Il savait que les concessions constitutionnelles pouvaient être écrites noir sur blanc, mais que ces dernières ont besoin de temps pour que la mutation soit efficace et non brutale. Prenant la mesure du niveau historique du moment, il préféra passer dans son giron certaines nouvelles prérogatives, mais pas toutes, afin de rapprocher davantage les voies du Makhzen et celles du peuple qui sont les plus éloignées. L'unité est bien plus complexe à établir et construire que la discorde. 

©DR

   Avec Abdelilah, les marocains ont commencé à suivre de près les séances parlementaires après les avoir considéré comme un cirque pendant 60 ans et un charabia dominé par la langue de bois. Quelle révolution que celle de faire s'intéresser des analphabètes à la politique. Aristote aurait  peut-être même songé à mentionner un tel exploit dans son ouvrage de référence "Les Politiques"! Les moqueries de Benkirane ont évidemment un rôle indescriptible dans cette percée. 

Comme dans tout pays, certains media désorientés décontextualisent de belles pépites afin de discréditer l'adversaire, comme le fameux "le mien est plus grand que le tien" que Benkirane sortit pour qualifier la taille de son parti par rapport à celui d'un parlementaire qui lui mettait en avant la taille de son parti comme argument d'autorité. On fit de cette phrase usus et abusus. Avouons que ce fut une critique médiatique pitoyable. 

Mais les actions de Benkirane sont reconnues malgré les chahuts médiatiques, par la classe moyenne qui le mit là où il est. Elles sont reconnues par les 56 000 veuves qui touchent désormais jusqu'à 1050 Dhs, sortant ainsi de la misère tant critiquée par Driss Jaydane, alors qu'elles n'avaient que leur main à tendre avant lui. Elles sont reconnues par les 9 millions de marocains qui bénéficient désormais des soins médicaux RAMED. Elles le sont aussi par les 310 000 étudiants qui ont vu leur bourse augmentée et le nombre de bénéficiaire quasiment doublé. Elle les sont par les 11 000 personnes qui ont perdu leur emploi l'an passé et qui ont perçu, pour une première historique, une pension chômage au Maroc. De même pour les malades de l'hépatite C qui doivent désormais débourser 3000 Dhs pour se soigner au lieu de 800 000 Dhs... Mais qu'en savons-nous nous, du haut de nos perchoirs médiatiques de Luxe?

Quant à l'éducation, il avoua clairement que "s'il est un domaine où nous avons eu du mal, c'est bien l'éducation"... Encore que cela concerne celle d'avant le Bac, vu que les mesures pour le supérieur sont pléthore. Irons-nous jeter toute l'action gouvernementale pour cet échec, le bébé avec l'eau du bain? Là encore, toute analyse objective se doit de faire preuve d'un brin de sagesse pour se demander dans quelle mesure Benkirane avait-il de l'autorité sur le ministère de l'éducation, de l'agriculture, des affaires étrangères, de la défense, des affaires religieuses, de l'intérieur, et bien d'autres, pour dicter telle ou telle orientation. Le questionnement des réalisations nécessite une symétrie face aux responsabilités et au champ d'action réel, autrement, nous virons immédiatement dans le populisme, ce dont je ne crois pas Driss envoûté, tout de même...

Quant aux femmes comparées à des lustres, nul ne peut se prévaloir de la bassesse de la comparaison, ou du luxe de cette dernière. Tout un chacun est renvoyé à son imaginaire individuel et à sa perception historique du lustre. Moi personnellement, je n'en ai pas vraiment chez moi, mais je sais à quoi ce cher Benkirane renvoyait, mois qui passe de temps à autre près des devantures de CristalStrauss boulevard Zerktouni à Casablanca. La vision de Benkirane a le mérite d'être sincère, étant plus proche de la promotion de la complémentarité que de l'égalité dogmatique ou populiste. Cela se lit dans son projet pour ces élections, de porter le congé maternité de 3 à 6 mois. Avec une telle mesure, il ancre un peu plus sa foi dans la complémentarité des rôles et dans la spécificité des besoins. Les femmes sont meilleures que les hommes dans certains domaines, moins dans d'autres, tout simplement. Libre à chacun de quantifier les premiers et les seconds, tout en gardant l'estime pour tout un chacun, femmes et hommes. Au moins, il a le mérite d'être sincère. Ici je pense notamment à la notion de plafond de verre mise en valeur par des études mastodontes telle celle d'Accenture. Sinon, pourquoi les études montrent que les femmes à la tête d'entreprises du Cac 40 sont plus performantes que les hommes? 

La caisse de compensation, elle, ne saurait qu'être redevable à Benkirane ad vitam aeternam, vu que son maintient en statut quo aurait couté au Maroc plus de 100 miliards de Dhs qu'il aurait du emprunter de nouveau à l'étranger, compromettant un peu plus la génération suivant celle de Driss Jaydane, pour maintenir le niveau de cohésion de celle de Driss Jaydane. Est-ce vraiment ce qu'il cherche, est-ce un prix à payer pour une cohésion maintenue sous perfusion, une cohésion artificielle, égoïste? Aujourd'hui des dizaines de milliers de familles vont bénéficier des ces subventions qui allaient auparavant chez de grands industriels et dans des réservoirs de gros 4*4 3.0L 12V... n'est-ce pas plus social et solidaire, tout dans l'esprit de l'éthique que faisait prévaloir Driss Jaydane? 

Alors, est-il tout aussi "machiavélique" que Driss Jaydane se prête-t-il à le souligner? Ce Benkirane qui est supposé avoir manipulé les masses pour transfigurer une tradition empruntée à l'imaginaire commun dans un but purement électoraliste... Notre traditionnel Benkirane ne met-il pas en avant la paix dans laquelle le Maroc a réussi à se maintenir durant son quinquennat, à chacun de ses discours, jusqu'à en provoquer l'ennui parfois... Cette paix et stabilité dont ne connaissent le prix que ceux qui l'ont perdu, et qu'il serait inutile d'instrumentaliser pour soutenir des argumentaires politiques si l'on en vient à l'intégrité médiatique et son devoir d'objectivité, voire de neutralité (je sais, dès fois, ce vœu pieux semble inutile).

Si les membres du PJD pensaient avoir mieux que Benkirane, à en croire les précieux conseils de Driss Jaydane, nul doute que les voix sages s'exprimeront indubitablement afin de mettre en avant cette personnalité mystère. Pour l'instant, ils renouvellent leur confiance en leur leader, et ce dernier est plus rassembleur que n'importe qui d'autre pour le moment sur la scène des partis politiques. Aujourd'hui, le vote est national, il est donc pour un parti, pas pour un nom précis.

A ce titre, faisons confiance à la clarivoyance des marocains pour leur choix à venir, en essayant de passer au crible des programmes électoraux plutôt que de personnifier les affrontements. Il paraît que les petites gens critiquent les personnes, et les grands critiquent les idées. Puissions nous alors grandir, ensemble, dans un Maroc fraternel

Bien @ vous cher Driss Jaydane

6 commentaires:

  1. Salam Si Talal,

    Merci de bien vouloir insérer un lien permettant de consulter les propos de M. Jaydan.

    Cordialement,
    Amine

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    1. http://www.lesiteinfo.com/pourquoi-abdelillah-benkirane-doit-partir/

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    2. Merci Si Talal,

      J'attire votre attention qu'en faisant une petite navigation sur le même site, je n'ai trouvé que des propos et des chroniques négatives sur le chef du gouvernement et sur le PJD :

      "Pétition: des intellectuels appellent à faire barrage au PJD......
      Ils sont nombreux et ils sont connus. Tous se sont mobilisés et ont lancé une pétition dans laquelle ils s’opposent à l’idéologie du PJD..."

      " Quand Benkirane chante Oum Kalthoum ça donne ça !
      Benkirane semble se souvenir des longues décennies d’action clandestine, puis d’activisme politique au grand jour tout en lorgnant le pouvoir. Il avait vraiment trop attendu avant de devenir chef de gouvernement…"

      "Bilan ???? Qui parle bilan ? Personne ! Propositions ? Le RNI, le PAM, l’USFP et l’Istiqlal sont les seuls à se prêter à cet exercice de base de toute démocratie, pour le reste nous en sommes réduits à chercher le commencement du début d’un programme – comme on cherche une aiguille dans une botte de foin !"


      Cela signifie clairement qu'il ne s'agit pas d'une simple chronique d'un certain Driss Jaydan, mais d'un ensemble orienté très loin de toute objectivité, neutralité et du professionnalisme...

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    3. Votre enquête est très utile, elle révèle le fond de commerce du site web en question

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  2. A Ssi Talal, vous divaguer complètement en essayant de défendre l'indéfendable et en essayant de faire des comparaison qui ne tiennent la route que pour les loups barbus. Nous sommes en 2016, cinq ans après la nouvelle constitution. Et nous cherchons à construire une démocratie sociale avec une économie performante qui puisse répondre aux deux premiers objectifs (Démocratie & Sociale).
    Vitre critique de l'article de Driss Jaydane peut être comparé à la tentative de traduction d'une belle poèsie en passant par l'outil Google-Traduction. Vous essayez de critiquer les phrases et vous oubliez volontairement le sens global de l'article et l'environnement politique, social et économique dans lequel cet article a été écrit. Et enfin vous oubliez l'essentiel, c'est qu'en démocratie nous ne demandons de comptes qu'a ceux qui ont assumé la responsabilité du pouvoir et non aux journalistes et intellectuels du Bled.

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  3. Merci Talal pour votre réponse sur l'article de Driss. Vous m'avez épargné la peine d'une longue réponse, j'allais reprendre une grande partie des idées que vous avez exprimé et dont la majorité des marocains ont exprimé vis à vis de ce chef de gouvernement qui -à mon sens- a révolutionné le discours politique au Maroc. Pour la premiere fois je commence à savourer l' odeur de la sincérité d'un politicien. Il parait que Mr Driss reprend en quelques sortes les mêmes arguments pitoyables de notre chère malheureuse opposition (excluant la FDG qui est une petite lueure d'espoir de potentielle vraie opposition). Mr Jaydane! Les urnes parlent d'elles mêmes et elle parleront demain inchaalah. Je trouve que pour une première expérience en gouvernement c'est pas mal du tout, Benkirane c'est très bien débrouillé et dieu merci qu'il a survécu à cette avalanche d'opposition désespérée et corrompue, contre des courants qui se sont altérnés à abuser de nos citoyens et à comploter contre l'avenir de ce grand peuple. et ce au profit de leur misérables petite fortunes et celles de leurs parrains.

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