La crise financière arrive...doucement
1. La crise européenne rattrape le Maroc
On nous l'a mélodieusement chanté pendant toute la période qui a suivi la crise des subprimes aux USA, le Maroc tient bon face à la crise. On a essayé de nous convaincre que l'économie marocaine est assez forte et qu'elle ne serait pas frappée par le tsunami qui a suivi 2008. On nous a laissé penser que le Maroc n'est pas concerné par les remous qu'a connu l'Europe occidentale en 2011.
Tout lecteur avisé ne peut que constater la vérification du dicton populaire ''le mensonge, plus c'est gros, mieux ça passe''. N'importe quel économiste avisé ne s'y méprendrait pas. L'économie marocaine est très dépendante des investissements étrangers et du tourisme pour ses reserves en devise. Or le premier secteur qui souffre de la crise est le tourisme. Quand on n'arrive plus à payer ses dettes, la dernière chose à laquelle on pense est de partir en vacances. Ce n'est qu'en ces moments difficiles qu'on se rend compte à quel point faire du tourisme un secteur central de l'économie a été une grossière erreur de la part de nos politiciens.
Les investissements étrangers marquent le pas aussi. L'immobilier est l'un des premiers secteurs à en subir les conséquences. A titre d'exemple, moins d'un an après la crise des subprimes, les investissements directs à l'étranger au Maroc, dans l'immobilier, ont baissé de 32,9%, un chiffre historique. Allez faire un tour pour vous renseigner sur l'explosion de la bulle immobilière à Marrakech. Mais shuuut...n'en dites pas un mot cela risque de déstabiliser la confiance des quelques investisseurs nationaux encore sur le marché.
2. La crise de liquidité, inévitable
Partout au Maroc, les banques ont fermé le robinet des prêts, à la consommation comme à l'investissement. Du coup, les entreprises sont en manque de cash et sont obligés de réduire leur rythme de fonctionnement. S'en suit inévitablement un report des projets d'investissement à court terme et donc une baisse relative de l'activité. Dieu merci, cela ramène nos ménages à la raison, de gré ou de force. On ne peut plus se permettre de vivre au dessus de ses moyens, et consommer en 2012 ce que l'on ne gagnera pas avant 2015 ou 2016, voire 2030 si c'est un prêt au logement (le prêt le moins risqué en théorie, mais la pratique a démontré l'inverse), voire jamais... Le prêt au logement est la source de la débâcle des principales places financières depuis 2008.
La confiance des ménages n'est pas au mieux, et les ménages également payent de moins en moins en cash mais préfèrent payer sur des échéances de plusieurs mois. Les entreprises voient le second robinet des liquidités se fermer également.
L'Etat n'est pas en reste, comment payer les dizaines de milliers de diplômés chômeurs embauchés à la va-vite et sans raison, sauf celle d'absorber la colère née du printemps arabe?
En allant chercher l'argent là ou il est, c'est à dire dans les comptes bancaires des particuliers...sans leur demander leur avis. En effet, depuis peu, l'Etat mène une sévère campagne de recouvrement des créances fiscales tombées aux oubliettes, en allant récupérer les impayés d'il y a 5 ou 10 ans directement dans les comptes bancaires des particuliers. Cette action est illégale et nécessite l'aval de la justice...mais bon, blad ssiba, machi moushkil...
Sans parler de la folie qui a poussé Mezouar a faire des emprunts internationaux, et qui va payer les pots cassé? Nos enfants...On leur aura laissé un monde moins accueillant que celui dans lequel on a ouvert les yeux.
3. La recherche d'alternatives
C'est vers les pays du golfe que nos nouveaux politiciens ont l'intention de se tourner, afin d'aller chercher l'argent frais des pétro-monarchies, en quête d'investissements toujours plus sécurisés. Beaucoup de ces pays ont retiré une partie de leurs investissements des pays occidentaux, estimant que ces derniers n'étaient plus aussi sécurisés qu'avant. Donc on parle de finance islamique, bien que ces derniers ne font de l'Islam que le cadet de leur soucis.
Il faudra prendre son courage à deux mains, et expliquer au citoyen marocain que l'Etat n'est pas là pour garantir l'emploi aux docteurs incompétents. Il faut apprendre à nos jeunes diplômés que l'avenir, ce n'est pas l'Etat qui doit leur construire, mais eux-mêmes. L'Etat est là pour jeter les bases d'un cadre économique efficient, pour aider les plus nécessiteux, à savoir les plus pauvres, ceux qui n'ont pas de quoi se procurer des soins, ceux qui vivent dans les régions les plus reculées...et pas ceux qui sont éternellement à la recherche d'un beau bureau et d'un beau stylo pour parapher de beaux dossiers de leur belle signature...
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